8e apr. J.-C. (période de l’émirat de Cordoue)
Mezquita à Cordoue, Andalousie, Espagne
La Grande Mosquée a été construite avec des influences syriennes (omeyyades), wisigothiques et romaines.

Tekst

Les principes et les enseignements de l’islam en tant que mode de vie, code religieux et système de droit ont été diffusés par Mahomet (vers 570-632 apr. J.-C.) à La Mecque. Ces enseignements lui ont été révélés et ont ensuite été arrangés dans le Coran.  La parole de Dieu, telle qu’elle est décrite dans le Coran et les paroles de Mahomet (connues sous le nom de hadiths, ou Traditions), constituent le cœur de la religion.

Ni le Coran ni les Traditions ne contiennent d’ordonnances spécifiques contre la représentation figurative dans l’art. Cependant, les deux sources prennent clairement position contre l’idolâtrie et le culte des images. Ces règles ont été interprétées littéralement par les premiers chefs religieux et exégètes (interprètes) islamiques comme interdisant la représentation de figures humaines ou animales, bien que de nombreux exemples survivants de décoration architecturale, d’objets dans les différents médias et de manuscrits illustrés contredisent cette interprétation littérale.  

On trouve quatre types de décoration dans l’art islamique : la calligraphie, les formes figuratives (humaines et animales), les motifs végétaux et les motifs géométriques. Ces motifs, isolés ou combinés, décorent toutes sortes de surfaces, formant des compositions polyvalentes et complexes.

Bien que l’ornementation géométrique ait peut-être atteint son apogée dans le monde islamique, des sources de formes de base et de motifs à multiples facettes existaient déjà à la fin de l’Antiquité dans les empires byzantin et sassanide. 
Les artistes islamiques se sont appropriés des éléments clés de la tradition classique, puis les ont développés et ont inventé une nouvelle forme de décoration qui souligne l’importance de l’unité, de la logique et de l’ordre. Les contributions des mathématiciens, astronomes et autres scientifiques islamiques sont essentielles à ce style unique. Leurs idées et leurs avancées techniques se reflètent indirectement dans la tradition artistique.

7e-8e s. apr. J.-C. (période Aghlabiden)
Tuiles lustre mihrab, Grande Mosquée de Kairouan, en Tunisie
(Photo © Tai Mab)

8e s. apr. J.-C. (période abbasside)
Panneau d’incrustation (marqueterie), Égypte
Ce panneau marqueté est le côté d’un monument funéraire. Les variations des motifs reprenant carré illustrent une liberté décorative.
(Photo © METmuseum)

9e-10e s. apr. J.-C. (période abbasside) 
Gobelet en verre, Iran ou Irak  
Le motif géométrique simple qui décore ce bol presque sphérique est l’un des motifs les plus courants apparus sous la dynastie des Sassanides en Iran. Le motif des disques avec des points au centre est communément appelé le motif de l’omphalos, qui signifie « nombril » en grec.
(Photo © METmuseum)

1248 apr. J.-C.
Fac-similé du manuscrit arabe manuscrit ‘La géométrie d’Euclide’ par Nasir al-Din al-Tusi
(Photo © Worthpoint)

1328 apr. J.-C.
Grande Mosquée et Hôpital, Divriği, Turquie
La façade en pierre sculptée du portail nord est une merveille d’inventivité. Il rompt avec toutes les règles habituelles de la composition architecturale, mais les dépasse par sa virtuosité.

1354 apr. J.-C. (période post-Ilkhanide) 
Mihrab de la Madrasa Imami, Ispahan, Iran
L’élément intérieur le plus important d’un édifice religieux islamique est le mihrab, une niche murale indiquant la direction de la Mecque, à laquelle le croyant doit fixer son regard pendant les prières quotidiennes. On peut trouver trois types de motifs islamiques : végétal, calligraphique et géométrique. L’inscription calligraphiée à l’arrière de la niche se lit comme suit : « Le Prophète (paix sur lui !) a dit : « la mosquée est la demeure des pieux ». La calligraphie est la forme d’art la plus respectée dans l’Islam car elle transmet la parole de Dieu. Notez la façon dont les formes géométriques rectilignes sont faites pour s’adapter à l’espace incurvé. 
(Photo © METmuseum)

13e-14e s. apr. J.-C. (période ilkhanie)
Panneau de carreaux de céramique, Nishapur, Iran

14e s. apr. J.-C. (période mamelouke)
Portes d’une chaire, Egypte
Un exemple de la répétition caractérisant le dessin géométrique dans le monde islamique. Les étoiles sont coupées au bord, suggérant que le dessin s’étend infiniment au-delà des limites du bord réel.

14e s. apr. J.-C. (période Mammouth)
Plaque de verre, Syrie ou Égypte 
Le décor de cette assiette plate comprend une combinaison de cinq cercles, dessinés en ligne continue avec des boucles dominant la composition. Et quatre cercles extérieurs, où un motif complexe en étoile est créé. L’utilisation d’émail coloré et de feuilles d’or souligne les éléments de base des motifs géométriques et végétaux de ce dessin.

14e-15e s. apr. J.-C. (période des Nasrides)
Fragment de textile en soie, Espagne
Les motifs végétaux, l’écriture kufi angulaire décorée de motifs géométriques et l’écriture naskh italique dans les cartouches au-dessus et au-dessous des bordures kufi renforcent l’effet géométrique global de ce motif.
Le tisserand a utilisé ce dessin géométrique pour jouer avec la perception de l’avant-plan et de l’arrière-plan. L’œil du spectateur suit chaque bande jaune qui passe en dessous et au-dessus des autres, même si la composition n’a aucune profondeur physique. Outre les motifs géométriques, ce textile présente également une décoration calligraphique en écriture naskh, suggérant ‘Bonne chance et prospérité’.

1570 apr. J.-C. (période du sultanat saadien)
Madrasa Ben Youssef (école coranique), Marrakech, Maroc
Les portes en cèdre de l’Atlas sont sculptées d’un motif de bandeau avec une étoile à 16 branches. L’arche est entourée d’arabesques ; de chaque côté se trouve une bande de calligraphie islamique, au-dessus d’un carrelage géométrique coloré en zellige avec des étoiles à 8 points.

1610 apr. J.-C. (période moghole/moghol) 
Écran de marbre (jali), Agra, Inde
Les écrans perforés (jali) remplissaient de multiples fonctions architecturales ; ils permettaient la circulation de l’air et protégeaient des rayons du soleil. De plus, les motifs géométriques et leurs ombres projetées créaient un effet esthétique. 

18e s. apr. J.-C. (période ottomane)
Chambre Nur al-Din’, Syrie
Le sol est en carreaux de marbre et les murs et le plafond en bois sont décorés à la craie. Les décors sont principalement constitués de motifs végétaux et de motifs calligraphiques.
(Photo © METmuseum)

18e s. apr. J.-C.  (époque ottomane)
Palais Qasr al-Azm, Hama, Syrie
Fragment d’image à droite

18e s. apr. J.-C.  (époque ottomane)
Palais Qasr al-Azm, Hama, Syrie
Fragment Salle de réception (qa’a) : vue du plafond en bois peint et doré (travaille style d’ajami).

14e s. apr. J.-C.
Église arménienne, sur le mont Sion
A Jérusalem, Israël
Selon la tradition, cet endroit était la maison de Caïphe, où Jésus fut arrêté et jugé.

20e s. apr. J.-C.
La céramique émaillée a été introduite pour la première fois à Jérusalem au XVIe siècle par les Ottomans sous Soliman le Magnifique.
Après la Première Guerre mondiale, les réfugiés arméniens ont appliqué le savoir-faire dans cette église.

Restauration du Minbar de la Mosquée al-Aqsa,
également connu sous le nom de Minbar de Saladin.

Figuration

1306 apr. J.-C.
Illustration miniature de l’œuvre littéraire et historique ‘Jāmi ‘al-Tawārīkh’, Perse
Naissance du prophète Mahomet.
(Photo © Bibliothèque de l’Université d’Édimbourg, Écosse)

1306 apr. J.-C.
Fragment de l’œuvre littéraire et historique ‘Jāmi ‘al-Tawārīkh’, Perse
Bouddha offre le fruit du diable.
(Photo © Bibliothèque de l’Université d’Édimbourg)

16e s. apr. J.-C.
Fragment de ‘Aḥwāl al-Qiyāma’, Istanbul ou Bagdad
La conjonction du soleil et de la lune au Jour du Jugement.
(Photo © Bibliothèque d’État de Berlin)

16e s. apr. J.-C.
Miniature en persan de cinq poèmes épiques (Khamsa) du célèbre poète persan du 12e siècle Nizami Ganjavi.

Al-Burāq (qui signifie « foudre »), est un destrier miraculeux, décrit comme une créature du ciel  transportant les prophètes. L’histoire la plus couramment racontée est celle qui raconte comment, au 7e siècle, le Buraq a transporté le prophète Muhammad de la Mecque à Jérusalem et de retour, lors de l’Isra en Mi’raj ou ‘Voyage de nuit’. Al-Buraq, est dépeint avec un beau visage humain, malgré le fait qu’il n’y aurait aucune référence à un animal aux traits humains dans le Hadith ou les premières références islamiques.

(Photo © Fine Arts Museums of San Francisco)

1436 apr. J.-C.
Apocalypse de Muhammad,
écrit à Herat, en Afghanistan.

Le voyage céleste du prophète est un point central de la piété islamique. À partir du treizième siècle, les poètes persans ont fait précéder leurs épopées d’une description imagée du Mi’raj, le voyage céleste qui a amené le prophète en présence immédiate de Dieu. Cette miniature est particulièrement intéressante car le Prophète est représenté avec son visage révélé, chevauchant le mystérieux cheval Al-Burāq. Les images ultérieures de Mahomet le montrent généralement le visage couvert d’un voile et, à une époque plus récente, même son corps entier est généralement symbolisé par un nuage blanc ou une rose.

(Photo © Bibliothèque nationale, Paris, France ) 

Date inconnu
Marie et Jésus (Maryam et Isa) dans une miniature persane

Rouleau de Topkapi

15-16e s. apr. J.-C. (période safavide)
On connaît peu de sources écrites sur les motifs géométriques. Le plus connu est un parchemin conservé dans le palais turc de Topkapi. On pense qu’il date du XVIe siècle et qu’il est originaire du nord-ouest de l’Iran.
Le rouleau est une source précieuse d’informations, puisqu’il contient 114 motifs qui ont pu être utilisés, directement ou indirectement, par les architectes pour créer les motifs de carrelage des mosquées du monde entier, y compris le carrelage Girih.
Le fait qu’il ne fut pas utilisé suggère qu’il n’a pas été fabriqué pour servir de document de référence dans un atelier d’artisanat, mais plutôt pour être exposé dans le palais. Il montre des ornements décoratifs trouvés sur les murs et les dômes de structures construites entre le 10e et le 16e siècle à l’époque timuride. Il s’agissait d’un guide des conceptions architecturales visibles dans les complexes muqarnas, girih, panneaux de mosaïque et carreaux colorés. Le rouleau contient des dessins mais pas d’instructions écrites sur la construction des motifs.

Images du rouleau de Topkapi

Extraits de
– ‘Islamic Art and Geometric Patterns’, par The Metropolitan Museum of Art
– ‘The Topkapi scroll, geometry and ornament in islamic architecture’, par Gűlru Necipoğlu

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